Jeune Création 2012

63e édition
Du 04 au 11 novembre 2012
Exposition d’art contemporain au CENTQUATRE-PARIS

Avec : Emilien Adage, Carla Andrade, Mathieu Arbez, Marcos Avila Forero, Luc Barrovecchio, Vincent Betbeze, Minia Biabiany, Loïc Blairon, Pierre-Yves Boisramé, Gaël Bonnefon, Antoine Carbonne, Jean-Baptiste Caron, Delphine Chapuis-Schmitz, Claire Chesnier, Frédérique Chupin, Julien Creuzet, Coraline de Chiara, Delphine de Luppé, Bertrand Derel, Sarah Duby, Charles-Henry Fertin, Régis Feugère, Yifat Gat, Benoît Géhanne, Samuel Gratacap, Giulia Grossmann, Fritz Horstman, Pinling Huang, Elodie Huet, Gabriel Jones, Michaël Jourdet, Nicolas Koch, Hayoun Kwon, Gabriel Léger, Jean-Baptiste Lenglet, Pier Francesco Lerose, Sabrina Lestarquit, Gaia Light, Julien Lombardi, Colombe Marcasiano, Irwin Marchal, Laurent Mareschal, Audrey Martin, Sylvie Mas, Kévin Monot, Hélène Moreau, Marie Morel, Mohamed Namou, José Olano, Yeojoo Park, Serge Payen, Jérôme Pierre, Enrique Ramirez, Alice Schÿller Mallet, Hye-Soon Seo, Jérémie Setton, Jonathan Sitthiphonh, Annick Tal, Kirill Ukolov, Florian Viel, Laure Vigna, Noah Wiegand.



Square (Série des Modules Bifaces)
Acrylique sur toile sur châssis en volume, néons 2X58w, tissus occultant, panneau mélaminé
Module 192 X 63 X 46 cm
espace 250 X 200 X 400 cm

Prix résidence (Résidence à la Fondation Josef et Anni Albers, USA - Connecticut)
Collection FRAC Provence Alpes Côte d'Azur (aquisition 2015).












Texte de Delphine Lopez, pour Jeune Création 2012

  "Il est des rencontres artistiques qui mettent nos certitudes à rudes épreuves, conduisent nos sens à nous trahir, font trébucher notre entendement.
Ainsi en est-il des créations de Jérémie Setton où la peinture, medium dominant, s’affirme comme le lieu de tous les possibles. Remettant en cause la notion de mimésis picturale comme rapport d’identification de la peinture aux logiques du réel, l’artiste interroge le régime des représentations et bouscule l’ordre établi. Dans l’installation Square issue de la série des Modules Biface le fragile équilibre des couleurs et de la lumière tend à redéfinir la notion d’image comme mise en absence d’une présence.
 
Au cœur d’un espace délimité, un plan gris-coloré surmonte un volume blanc. La base pointe vers l’avant, elle offre ainsi tout son volume grâce au fort éclairage latéral. Au-dessus, le « carré monochrome » peine à être identifié. En s’approchant, le plan s’avère être un volume dans le prolongement de la partie basse. Mais ce volume, composé de deux faces peintes, pourtant soumis au même éclairage que la base ne se laisse pas, lui, contraster par la lumière. Il semble absorber à la fois sa face lumineuse et sa face ombrée de telle sorte que l’ensemble apparaît plan.
 
Face au dispositif de la chambre noire comme lieu symbolique de l’émergence de l’image, le visiteur est en présence d’une étrange représentation picturale, non pas un plan mais l’image d’un plan, jouant avec l’idée du monochrome. Ici le rapport coloré peint que nous avons sous les yeux ne se laisse pourtant pas voir. Il constitue le leurre de «l’image». Le réel même de la couche de peinture, surface matérielle et palpable, se superpose à l’ombre, trace disparue du réel.
 
Par cette forme de « peinture-installation » - c’est-à-dire d’une installation qui prend corps dans le lieu de la peinture - le regardeur est confronté à la difficulté de définir les limites spatiales de l’œuvre. Square questionne la notion de seuil : disparition de la frontière entre les deux faces colorées ; ambiguïté sur la limite entre lumière et matière peinte ; rôle de l’entrée du visiteur dans l’installation.
 
Le titre joue sur le double sens de Square, qui définit l’œuvre à la fois par la forme du monochrome et par l’espace d’accueil qui l’entoure. Le corps du spectateur peut y pénétrer pour que la peinture et le réel adviennent mais l’œuvre peut s’incarner dans son esprit, sans que son corps n’intervienne. C’est tout à la fois un objet mental et une surface de jouissance pour l’œil.
 
À travers une expérience avant tout sensible, Jérémie Setton entend faire du regardeur l’unique prisme de lecture de l’œuvre : qu’il pénètre dans le square ou qu’il demeure hors de l’installation, il s’engage dans une discussion active avec elle."



Textes :
Entretien avec Artothèque Antonin Artaud
Modules Bifaces - Square


Dans les pas de Malevitch
de Charlotte Waligòra,
Publié le 6 janvier 2014 dans "Arts Hebdo Médias"




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